Au cœur de la bataille contre Ebola
Les gens ont raison d'avoir peur d'Ebola. C'est une maladie horrible avec un taux de mortalité élevé. Cependant, la peur du virus Ebola découle souvent d’une mauvaise compréhension de la maladie, ici comme ailleurs l’épidémie entraîne la mort inutile des enfants.
En ce moment en RDC, nous sommes confrontés à notre 10ème épidémie d'Ebola et il est particulièrement difficile d'y répondre, car l'épicentre, Beni, est situé quelques kilomètres d'une zone de conflit où sévissent plusieurs groupes armés.
Ebola représente un danger pour les enfants au-delà de la menace immédiate de contracter la maladie. Par exemple, si les deux parents meurent, les enfants deviendront orphelins ou encore si le père meurt, la famille perd le principal « gagne-pain », laissant les enfants dans un état de grande vulnérabilité.
Dans de telles circonstances, les enfants sont souvent obligés de travailler dur pour gagner de l'argent, ce qui peut entraîner différentes formes de maltraitances, à savoir le travail des enfants pouvant entrainer des abus de toutes sortes. Certains parents peuvent même aller jusqu’à retirer les filles de l’école pour qu’elles commencent à travailler ; ceci exposant les jeunes filles à toutes sortes de menaces tels que les abus sexuels.
Save the Children dispose d'une équipe remarquablement compétente pour répondre à cette épidémie à Beni, dans le Nord-Kivu. Nous avons des personnes hautement qualifiées et déterminées qui travaillent dans cet environnement difficile, en particulier, dans la sensibilisation et la mobilisation communautaire.
Les équipes sur le terrain sont en train de réaliser un excellent travail avec les leaders communautaires et religieux, pour diffuser des messages sur la prévention du virus Ebola. A noter également que beaucoup de nos employés sont originaires de Beni.
Vaincre la résistance par la sensibilisation
Les équipes sur le terrain ont été rejoints par le personnel local provenant d’autres régions de la RDC, comme le Sud et le Nord-Kivu, ainsi que par des membres de l’Unité de Santé d’Urgence de Save the Children (EHU).
Outre les défis posés par les interventions dans une zone de conflit, le principal obstacle auquel nous sommes confrontés est la résistance de la communauté. L'essentiel de notre travail - qui est crucial dans une épidémie comme celle-ci - est la sensibilisation des communautés, l'information des familles sur les dangers d'Ebola et la manière de se protéger contre la maladie.
Nos agents de santé communautaires disposent de matériel pour aider les populations locales à mieux comprendre la maladie à virus Ebola. Il est important de se rappeler que nous demandons à nos relais communautaires de se rendre dans la communauté où sévit le virus Ebola. Nous leur expliquons également comment se protéger. Certaines familles reçoivent bien les collègues sur le terrain, ce n’est cependant pas toujours le cas en raison des rumeurs qui circulent autour de la maladie. Les RECOS se heurtent à l'hostilité des populations locales et font face à la violence dans certains cas, mais ils ne se découragent pas pour autant et continuent à mener à bien cette noble mission.
Je suis fière et inspirée par leur engagement et leur détermination à protéger les enfants dans des conditions extrêmement difficiles.
De nombreuses personnes à Beni pensent que le virus Ebola provient de l’extérieur ; elles ne veulent pas envoyer de membres de leur famille se faire traiter et cela à pour conséquence directe la mort de leurs proches, ce qui représente une grosse perte car en emmenant une personne dans centre de traitement à temps, elle a toutes les chances de guérir.
Il arrive que les personnes touchées par le virus s’enfuient - certaines personnes ayant contracté le virus ont fui Beni pour Butembo et se retrouvent maintenant à Tchomia, causant de plus grandes difficultés pour contenir cette épidémie -. La manière dont Ebola est transmise est également mal comprise. Beaucoup de gens pensent que le virus s’attrape simplement en touchant une personne infectée, mais ce n'est en réalité que par l'échange de fluides corporelles que la contamination se fait lorsque les personnes contagieuses présentent des symptômes.
Mon point ici n’est pas de minimiser la grave menace que représente le virus d’Ebola en RDC, ni de dire que la réponse de Save the Children à l’épidémie n’est pas importante. Ce qu’il faut retenir c’est qu’il est absolument crucial qu’ensemble aux côtés du gouvernement, des agences des Nations unies, des ONG et partenaires locaux, réagissions le plus rapidement de manière coordonnée. La coordination entre doit être notre source d'inspiration et de cette manière notre travail sur le terrain réduira considérablement le nombre de familles dévastées par le virus Ebola.
Malheureusement, la riposte ne dispose que d’un financement réduit, à cela s’ajoute l'incompréhension générale et la peur du virus Ebola à travers le monde, qui ont pour conséquence l’insuffisance d'argent pour toucher le plus de personnes possible. A noter toutefois que les enfants en RDC continuent de mourir de choléra, de paludisme et de pneumonie beaucoup plus rapidement que de la maladie à virus Ebola. Pourtant, lorsque nous disons : « Nous avons besoin d’argent pour le choléra », cela ne semble intéresser personne. En effet, le statut endémique des maladies tueuses de l’enfant en RDC fait partie du problème. Les besoins de financement pour d’autres activités humanitaires dans le Nord et le Sud Kivu, dans le Kasaï oriental et la Lomami – ne cessent d’augmenter et portent sur des problèmes comme le choléra, le paludisme, la malnutrition, la pneumonie, la protection de l’enfance et l’éducation.
Actuellement, notre travail humanitaire est financé seulement financé à hauteur de 26%. La simple évocation du mot Ebola fait peur et les gens ont raison d’être effrayés, mais nous ne devons pas laisser la peur éclipser les besoins des enfants les plus démunis de la RDC, qui ont eux aussi désespérément besoin de notre aide.
Blog de Heather, Directrice Pays Save the Children RDC.